La petite histoire de l’appellation de l’installation partagée de la Bibliothèque publique d’Ottawa et de Bibliothèque et Archives Canada

À partir de 2019, des membres de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg et de la Première Nation algonquine de Pikwàkanagàn se réunissent avec des représentants de la Bibliothèque publique d’Ottawa et de Bibliothèque et Archives Canada afin de discuter du nouvel édifice qui surplombera les berges de la Kichi Zìbì (la rivière des Outaouais). Ils échangent leurs idées et leurs espoirs pour ce lieu exceptionnel, qui accueillera tous ceux et toutes celles qui souhaitent prendre connaissance des récits de notre passé, de notre présent et de notre avenir.

En sachant que le nouvel édifice sera aménagé sur le territoire traditionnel non cédé de la Nation algonquine Anishinabeg, il est essentiel de profiter de la gouverne des nations hôtes pendant toute la durée des travaux de planification et de conception.

Dans le cadre de plusieurs séances de consultation, des membres de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg et de la Première Nation algonquine de Pikwàkanagàn font part de leur savoir et de leurs enseignements. Ces échanges inspirent la conception du bâtiment : reconnaissance du territoire algonquin Anishinabeg un peu partout; aménagement de locaux et d’espaces extérieurs pour les rassemblements traditionnels; enregistrements vidéo et audio dans la langue algonquine anishinābemowin pour accueillir les visiteurs; et nombreuses occasions de promouvoir et mettre à l’honneur l’art autochtone.

En faisant un retour sur ce processus, Anita Tenasco, directrice du Secteur de l’éducation pour Kitigan Zibi, confie : « Il fallait édifier la confiance, communiquer et vraiment apprendre à nous connaître. Nous avons pu nous comprendre et nous espérons qu’en définitive, tout ce travail donnera lieu à une œuvre architecturale exceptionnelle ».

À mesure que le processus se déroule, il devient évident que ce nouvel édifice, qui se veut inclusif et accueillant pour toutes et pour tous, pourrait aussi porter une appellation dans la langue algonquine anishinābemowin. Dans l’ensemble des consultations publiques, auxquelles ont participé plus de 4 000 personnes, dont des représentants des peuples autochtones, des résidents et des résidentes d’Ottawa ainsi que des Canadiens et des Canadiennes d’un océan à l’autre, l’équipe du projet prend à maintes reprises connaissance des recommandations enthousiastes sur les moyens de saluer la culture et le patrimoine autochtones dans l’installation.

Le choix de l’appellation est un geste honorable et puissant : les Aînés se voient confier la responsabilité de sélectionner des appellations qui se veulent significatives pour bien des générations à venir. L’appellation retenue donnera une personnalité à l’installation et permettra de s’assurer que l’on met à l’honneur l’esprit et l’intention de cette installation.

Après mûre réflexion, les nations hôtes et l’équipe du projet de l’installation partagée BPO‑BAC retiennent l’appellation Ādisōke — terme anishinābemowin qui désigne l’art du récit. Le récit est le moyen traditionnel grâce auquel les peuples autochtones transmettent aux générations futures le savoir, la culture et l’histoire. Della Meness, gestionnaire de l’éducation, Première Nation algonquine de Pikwàkanagàn explique que « le nom Ādisōke, nom de la nouvelle installation partagée de la Bibliothèque publique d’Ottawa et de Bibliothèque et Archives Canada représente un partenariat, un engagement et un respect. Chaque jour, des histoires sont partagées au sein de nos communautés au sujet de nos familles, de notre histoire et de notre culture. Le récit relie notre passé à nos générations. »

D’un océan à l’autre, les Premières Nations, les Inuit et la Nation métisse saluent l’importance du récit. Grâce à la tradition orale du récit, la culture, la langue et l’histoire se transmettent aux générations suivantes.

Mariette Buckshot, coordonnatrice des langues et de la culture de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg, explique : « J’ai grandi en écoutant des récits. Mon père avait beaucoup de récits exceptionnels à raconter, et j’ai beaucoup appris grâce à eux. Or, il ne se contentait pas de raconter un récit : en fait, il me transmettait des enseignements. Il s’agit d’immortaliser nos récits, que nous gardons précieusement. Il s’agit aussi de savoir que cet édifice abritera nos récits, nos contes et notre histoire dans ce qu’ils ont de plus vrai… Nos récits seront immortalisés ici même, pour nos peuples et pour l’ensemble du Canada ».

Grâce aux collections, aux programmes et aux services de la Bibliothèque publique d’Ottawa, les visiteurs auront accès à une offre de récits qui ne cessera d’évoluer : il s’agit aussi bien des récits dans lesquels on se reconnaîtra que ceux dans lesquels on pourra se connaître. Comme les bons récits qui continuent de se dérouler, les travaux de la Bibliothèque prennent un tour nouveau en servant ses communautés pour répondre à leurs besoins.

Bibliothèque et Archives Canada est le gardien du passé lointain et de l’histoire récente de notre pays et le dépositaire du patrimoine documentaire qui permet et qui a permis aux peuples de raconter des récits — et surtout, leurs propres récits. Grâce à la préservation de riches collections auxquelles on aurait accès, ces récits permettraient aux individus et aux communautés de consulter les archives historiques.

Dans le cadre d’une collaboration qui se poursuit, d’autres salles de l’installation Ādisōke porteront des appellations de la langue algonquine Anishinabeg, dont la zone de découverte pour les enfants, un pavillon circulaire inspiré d’un wigwam et la terrasse extérieure attenante, ainsi que le cercle de rassemblement en plein air.

Au début, les Aînés et les membres de la Nation algonquine Anishinabeg ainsi que les représentants de la Bibliothèque publique d’Ottawa et de Bibliothèque et Archives Canada se sont assis en cercle et ont écouté des récits. C’est ce qui a donné lieu à l’appellation Ādisōke. L’installation Ādisōke est un lieu voué aux récits qui témoignent des langues, des cultures, de l’histoire et de l’art des peuples autochtones et est un exemple à suivre pour d’autres institutions et villes d’un océan à l’autre.

La prononciation d’Ādisōke.